Bio Santé Mada

Un planteur vient à vous

Bio ou pas Bio ? that’s the question…

On entend souvent des gens dire : « Le bio, c’est de la daube ! Les huiles non bio sont aussi bonnes que les huiles Bio ».

C’est vrai… Enfin pas toujours…

Ces affirmations sont d’autant plus péremptoires que ces personnes n’y connaissent rien et qu’elles ne font aucun effort pour s’informer de façon objective. La meilleure façon de s’informer est d’aller chercher des informations à la source c’est-à-dire auprès d’ECOCERT qui est, pour l’instant, le seul organisme certificateur installé à Madagascar. Si vous faites cette démarche, vous obtiendrez des informations objectives mais complexes ce qui fait qu’en sortant de chez eux, vous aurez encore l’esprit bien embrouillé.

Je vais vous faire partager l’expérience de quelqu’un qui est passé par là et qui a maintenant quelques années de recul.

A quoi ça sert d’être certifié bio ?

Si l’on aborde la question sous cet angle, on a les plus grandes chances d’arriver à la conclusion que cela ne vaut pas le coup parce que ce n’est pas rentable. En effet, pour se faire certifier bio, il faut payer cher et même très cher (certains disent même trop cher) et cela, chaque année.
Ensuite, les exigences réglementaires nous imposent des contraintes qui limitent nos possibilités d’action : pas d’engrais chimiques (les fameux N.P.K connus de tous les agriculteurs malgaches et européens), pas de produits de traitement (même des produits aussi courants que le Décis ou d’autres que l’on retrouve dans les shampoings anti poux pour les enfants), bref on n’a le droit à presque rien.
On estime aussi qu’en passant au Bio, le rendement d’une plantation baisse de 20%.
Certes, on peut utiliser le « tain’omby » (en français la « merde de bœuf ». Désolé !) mais il en faut tellement qu’on est vite limités par la disponibilité. Par exemple dans mon cas, il m’en faudrait 60 camions de 6 m3 pour pouvoir en mettre à chaque arbre. Impossible de trouver une telle quantité. Heureusement, depuis cette année, on trouve du Guano (excréments de chauve souris) autorisé pour la culture en bio et bien que le prix en soit très élevé, on dispose d’une solution alternative.
En pratique, quand un arbre tombe malade (attaque de cochenilles ou maladie cryptogamique) on le laisse crever en espérant qu’il ne va pas transmettre l’infection aux arbres voisins. C’est tout.

Mais alors pourquoi se faire certifier Bio ?

En fait, la principale motivation du candidat à la certification, est d’ordre éthique. Certaines personnes veulent réagir « au tout chimique » et n’ont pas envie de continuer à consommer comme elles le font depuis des années. En particulier, elles aimeraient savoir ce qu’elles vont acheter et retrouver des produits authentiques non modifiés par des méthodes physiques ou chimiques. Je fais partie des gens qui lisent les étiquettes des produits quand ils font leurs achats dans les supermarchés et je suis souvent écœuré quand je vois tout ce que les industriels y mettent.
On voit souvent sur les flacons d’huiles essentielles achetées en pharmacie en Europe, des mentions du genre « Huile non modifiée ou diluée, non déterpénée ou rectifiée, non reconstituée » ; cela me fait sourire car, à part diluer l’huile essentielle dans de l’huile végétale, je serais bien incapable de procéder à l’une ou l’autre de ces opérations. Ce ne sont pas des procédés à la portée d’un simple planteur. En fait l’huile que nous vendons avec la certification Bio est strictement identique à celle qui sort de notre alambic. Nous nous contentons de la décanter (pour éliminer les traces d’hydrolat car les acheteurs n’aiment pas trouver de l’eau au fond des bidons !) et parfois de la filtrer (avec un simple filtre en papier à café) pour enlever quelques impuretés. C’est tout.
Donc, quand on a envie de consommer mieux, on a bien entendu envie de produire mieux. C’est cela la principale motivation de ceux qui se font certifier Bio. Ceci dit, on n’est pas obligés de mourir idiot et tout le monde sait que la part du Bio croit chaque année et que cela représente, semble-t-il, l’avenir. Par ailleurs, les huiles essentielles Bio se vendent plus cher que les huiles non certifiées mais cette plus value compense à peine la perte de rendement à la production et les frais de la certification annuelle.

Comment se passe une certification Bio ?

Dans le meilleur des cas, pas trop mal, dans les autres cas, c’est pire !
Il faut d’abord savoir que la filiale internationale d’ECOCERT était à l’origine basée en Allemagne. On imagine bien la précision et la rigueur des procédures, les allemands ne laissant rien au hasard.
ECOCERT Madagascar dépend d’ECOCERT International basé en France. Quand les Français appliquent des procédures allemandes, les choses ne peuvent que se compliquer, surtout avec des clients qui ont un esprit latin.
Au départ, il faut faire une demande. Je passe… Ensuite, il faut payer ; c’est comme avec les avocats, on paie d’abord, on voit ensuite.
Quand vous êtes complètement à sec, un inspecteur d’ECOCERT se rend sur la plantation pour faire un état des lieux (parfois c’est une inspectrice, cela n’arrange rien).
Son objectif est de reconstituer, parcelle par parcelle, l’historique des plantations en remontant sur au moins 3 ans en arrière. Cela peut durer un certain temps et souvent un temps certain. Si vous avez, comme moi, installé votre plantation sur des terrains restés en friche depuis des dizaines d’années, cela simplifie les choses. Par ailleurs, comme il n’y a pas d’usines dans ma région, le risque de pollution industrielle n’existe pas.
L’inspecteur vérifie aussi les lieux de stockage des matières premières (par ex le hangar ou l’on met les feuilles) ou des huiles essentielles (il est contre-indiqué de stocker dans le même local des huiles Bio et des huiles conventionnelles), les conditions de transport des feuilles (les « gony » ou sacs en jute doivent être neufs ou lavés), l’étiquetage des bidons ou des bouteilles, les conditions de transport des huiles essentielles (bordereaux de transport), les conditions de réception des bidons transportés (P.V de réception conforme), les fiches de stock, etc.
Un exemple parmi d’autres : tous les jours, je récupère les bouteilles d’huile essentielle à la sortie de l’alambic et les stocke dans ma chambre à coucher pour limiter les risques de vols ; une inspectrice qui faisait le contrôle annuel, a absolument voulu voir ma chambre à coucher ou je stockais les bidons ! C’est dire le souci de tout contrôler dans le détail.
Bref, l’inspecteur vérifie tout. Il ne craint pas d’être désagréable avec son client puisque la facture est déjà payée en grande partie. Il enquête sur tout, c’est au planteur d’apporter les preuves. Ex : « Prouvez-moi qu’il n’existe pas de graines de Ravintsara Bio ! ». Appliqué à une plante qui n’existe qu’à Madagascar et compte tenu de l’état du marché local des semences, c’est assez ubuesque. Bien entendu, cela déclenche un certain nombre de prises de bec. Mais les inspecteurs ont l’habitude et de toute façon, ils tiennent le bon bout.
Ils peuvent aussi faire des inspections surprises non programmées. Gare à celui qui se livre à des excentricités car il se fera automatiquement dénoncer par son entourage. Ce n’est pas une voie d’avenir.

En résumé, se faire certifier Bio, ce n’est pas aussi simple que de s’inscrire à la bibliothèque de son quartier. Et l’année d’après, cela recommence. Il faut encore payer et tout vérifier en permanence. Ce n’est pas comme le permis de conduire, on paie une fois et on est débarrassé. Non, non, non, on doit payer chaque année. Faut aimer ou être maso! Ou les deux !

Maintenant que j’ai bien craché ma bile, je vais essayer de me détendre car demain j’ai l’inspection annuelle. Fini de rigoler ! Je vais essayer la méthode Coué : « Cela va bien se passer, cela va bien se passer, cela va bien se passer, etc. ». Plus le temps passe, plus j’angoisse ! Je croise les doigts !

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